Dépistage et prévention du cancer colorectal
L’incidence du cancer du côlon
L’incidence du cancer du côlon et son taux de mortalité varient nettement d’un endroit à l’autre du globe. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le cancer du côlon est le troisième cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez l’homme et le deuxième chez la femme. Chaque année, environ 6 000 nouveaux cas sont diagnostiqués au Québec. Depuis le milieu des années 1980, les taux de mortalité dus au cancer colorectal ont progressivement diminué. Cette amélioration peut être attribuée en partie à la détection et à la résection des polypes coliques, à la détection des cancers colorectaux à un stade plus précoce, et à des traitements primaires et adjuvants plus efficaces.
En Amérique du Nord, l’incidence à vie chez une personne à risque moyen est d’environ 4 %. L’âge est un facteur de risque majeur pour le cancer colorectal sporadique. Le cancer colorectal est rare avant 40 ans ; l’incidence commence à augmenter de manière significative entre 40 et 50 ans, et les taux d’incidence spécifiques à l’âge augmentent au cours de chaque décennie suivante. L’âge est donc un facteur qui influence les recommandations de dépistage du cancer colorectal.
Le cancer du côlon se développe à partir de la muqueuse du côlon, soit la couche interne de la paroi du gros intestin. Le processus commence par la formation de polypes. Tous les polypes ne deviennent pas cancéreux, mais presque tous les cancers colorectaux commencent par un polype adénomateux. À mesure que le polype grossit, des changements cellulaires appelés dysplasie peuvent se produire. La dysplasie est une condition pré-cancéreuse où les cellules de la muqueuse deviennent anormales, mais pas encore cancéreuses. Si les cellules dysplasiques continuent à accumuler des mutations génétiques, elles peuvent devenir cancéreuses, formant ainsi un adénocarcinome. Cela signifie que les cellules cancéreuses se multiplient de manière incontrôlée et envahissent la muqueuse du côlon. Tout ce processus se produit sur une dizaine d’années, d’où l’importance d’adhérer à un dépistage régulier.
Le dépistage
Chez la plupart des individus, le dépistage se fait par un test immunochimique de recherche de sang occulte dans les selles (RSOSi). C’est un test non invasif qui détecte la présence de sang dans les selles, un signe potentiel de cancer du côlon ou de polypes précancéreux. Ce test est recommandé chez les personnes asymptomatiques âgées de 50 à 74 ans, tous les deux ans. Chez les personnes présentant un test RSOSi positif, une coloscopie est recommandée. Cette méthode permettra de visualiser l’ensemble du côlon, d’évaluer l’origine possible du saignement, d’enlever les polypes ou faire des biopsies, et ce, en une seule procédure.
Chez les individus présentant un risque de cancer colorectal plus élevé que la population générale, le RSOSI pourrait être recommandé à partir de 40 ans, ou une coloscopie pourrait être recommandée d’emblée. Les facteurs qui influencent l’âge au début du dépistage et la méthode choisie sont : la présence de syndromes héréditaires du cancer du côlon, des antécédents personnels ou familiaux de cancer colorectal ou de polypes précancéreux, une maladie inflammatoire de l’intestin et une ancienne exposition à une radiothérapie abdominale.
Quels facteurs augmentent les risques de cancer du côlon?
Plusieurs facteurs liés au mode de vie sont associés à un risque accru de cancer colorectal. Bien que bon nombre de ces associations aient été observées de manière très constante dans les études observationnelles, la relation causale de ces associations n’est pas toujours prouvée. La population devrait tout de même être encouragée à réduire ou à éviter ces facteurs pour la prévention du cancer colorectal.
- La gestion du poids : Des études ont démontré qu’une prise de poids entre le début de l’âge adulte et l’âge mûr était associée à une augmentation modeste, mais significative, du risque de cancer colorectal.
- Le diabète et la résistance à l’insuline : Une explication possible reliant le diabète au cancer colorectal est l’hyperinsulinémie, car l’insuline est un facteur de croissance important pour les cellules de la muqueuse colique et stimule les cellules tumorales coliques.
- Les viandes rouges et transformées : Leur consommation à long terme semble être associée à un risque accru de cancer colorectal. La cuisson à haute température (BBQ, à la poêle) a été mise en cause comme contribuant au risque.
- Le tabac : Il est associé à une plus forte incidence du cancer colorectal et à la hausse du risque de mortalité. C’est aussi un facteur de risque pour tout type de polype colique.
- La consommation d’alcool : Le risque augmente avec une consommation au moins modérée, c’est-à-dire plus que 2 à 3 consommations par jour.
Plusieurs facteurs protecteurs ont également été identifiés, principalement dans des études observationnelles, mais la force de certaines de ces associations est incertaine. Notamment, la pratique régulière d’activité physique et une alimentation riche en fruits et légumes.
- La supplémentation en calcium et en vitamine D semble avoir un effet protecteur sur le cancer colorectal, mais les études sont parfois contradictoires.
- L’aspirine et d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent protéger contre le développement d’adénomes coliques, et ils sont associés à une diminution du risque à long terme de cancer colorectal. Cependant, en l’absence d’autre indication à l’utilisation de ces molécules, elles ne sont pas utilisées pour prévenir le développement du cancer colorectal dans la population générale.
Comment prévenir le cancer du côlon?
Adopter de bonnes habitudes de vie et individualiser le dépistage selon les facteurs de risques non modifiables sont de bonnes pratiques aidant à prévenir et dépister le cancer colorectal. N’hésitez pas à en parler avec votre professionnel de la santé.