Le VO2 Max : pas seulement pour les athlètes

Dans notre quête de longévité en santé, nous négligeons souvent l’importance de mesures physiologiques telles que la VO2 Max, un chiffre qu’on associe principalement seulement aux athlètes de haut niveau. Pourtant, cette donnée a des implications profondes sur notre santé et notre longévité. Survolons ensemble la science derrière la VO2 Max et son impact sur les taux de mortalité.

COMPRENDRE LE VO2 MAX

La VO2 Max, ou consommation maximale d’oxygène en ml/kg/min, représente la quantité maximale d’oxygène que votre corps peut utiliser lorque poussé à sa limite. Il s’agit d’un indicateur essentiel de la forme cardiovasculaire et de l’endurance. Le processus implique le système respiratoire, la circulation sanguine et les mitochondries, qui travaillent en tandem pour fournir et utiliser l’oxygène.

Les valeurs de VO2 Max peuvent varier considérablement d’un individu à l’autre, les athlètes de haut niveau affichant des valeurs supérieures à 90 ml/kg/min, tandis que les personnes âgées peuvent avoir des valeurs inférieures à 15 ml/kg/min. Le vieillissement a un impact progressif sur le fonctionnement de tous les organes impliqués dans l’apport et l’utilisation de l’oxygène, ce qui affecte votre VO2 max.

LE LIEN ENTRE VO2 MAX ET MORTALITÉ

Une étude réalisée par Mandsager et al. en 2018, portant sur plus de 122 000 patients, a mis en évidence un lien clair entre le VO2 Max et la mortalité toutes causes confondues. Les participants, âgés en moyenne de 53 ans, ont été répartis en cinq groupes en fonction de leur score de VO2 max : faible, inférieur à la moyenne, supérieur à la moyenne, élevé et élite.

JAMA Netw Open. 2018;1(6):e183605. doi:10.1001/jamanetworkopen.2018.3605

Les résultats sont frappants. Une tendance claire montre une relation directe entre le niveau de forme physique (mesuré par le VO2 Max) et la mortalité toutes causes confondues. L’écart le plus important a été observé entre les 25 % les plus faibles (faible condition physique) et tous les autres groupes. Le simple fait de passer de la catégorie « faible forme physique » à la catégorie « inférieure à la moyenne » entraîne une réduction de 50 % de la mortalité sur 10 ans. Cette amélioration de la condition physique est absolument réalisable pour la vaste majorité de la population avec un entraînement minimal, bien structuré et spécifique. Les bénéfices ont continué à augmenter à chaque fois que le niveau de condition physique s’est amélioré.

JAMA Netw Open. 2018;1(6):e183605. doi:10.1001/jamanetworkopen.2018.3605

Il est remarquable de constater que la différence de risque de mortalité entre le groupe à faible condition physique et le groupe d’élite a été diminuée par un facteur de 5X, ce qui correspond à une différence de 500 %. Pour placer ce chiffre considérable dans son contexte, comparons-le à l’augmentation du risque de mortalité associée à certains problèmes de santé.

Par exemple, le tabagisme entraîne une augmentation de 41 % de la mortalité sur une décennie. Les maladies coronariennes augmentent ce risque de 29 %. Le diabète et l’hypertension artérielle augmentent la mortalité de 40 % et 21 % respectivement. Le facteur de mortalité le plus important parmi ces pathologies, l’insuffisance rénale terminale, entraîne une augmentation de la mortalité d’environ 180 %.

Si l’on compare ces chiffres à la différence de mortalité de 500 % entre les groupes à faible condition physique et les groupes d’élite, l’impact de l’amélioration de la condition physique, et donc de la VO2 Max, sur l’allongement de la durée de vie devient tout à fait clair. En fait, la diminution de la mortalité associée au passage d’une condition physique cardiorespiratoire faible à une condition physique supérieure à la moyenne est comparable au risque de mortalité lié à l’insuffisance rénale terminale!

ÂGE ET VO2 MAX : UNE COURSE CONTRE LA MONTRE

Avec l’âge, le VO2 Max diminue naturellement, même si l’on maintient un niveau d’activité physique constant. Désolé, c’est comme ça! Des études indiquent que le VO2 Max diminue d’environ 10 % par décennie après l’âge de 30 ou 40 ans. Cette diminution peut être attribuée à des changements physiologiques, tels qu’une diminution de la fonction cardiaque et de la masse musculaire. Autrement dit, plus on part de haut, moins notre déclin affecte notre niveau fonctionnel dans les dernnières décennies de notre vie.

Front. Biosci. (Landmark Ed) 2018, 23(8), 1505–1516; https://doi.org/10.2741/4657

Ce graphique le démontre bien. La ligne pointillée represente le seuil fonctionnel pour être indépendant, soit un VO2 Max de 17.5 ml/kg/min et une force de préhension de 30kg pour les hommes et 18kg pour les femmes. Avec mes patients, je vise bien au delà du simple fait d’être indépendant, donc ce graphique est le minimum absolu. On voit qu’un individu entraîné retarde ce déclin fonctionnel drastiquement. La bonne nouvelle est qu’il est jamais trop tard pour débuter.

ON S’Y MET MAINTENANT!

Dans le grand schéma de la santé et de la longévité, le VO2 Max joue un rôle indispensable. C’est un indicateur crucial de la santé physiologique de votre corps et de votre longévité en santé. En comprenant son importance et en adoptant des mesures pour l’améliorer, vous pouvez contribuer activement à votre bien être.